Revue des marchés de mai 2024

Canada vie - 6 juin 2024
Pour le mois ayant pris fin le 31 mai 2024.
Glass sculpture with a skylight

Introduction

Les marchés boursiers mondiaux ont suivi une pente ascendante au cours du mois de mai 2024, encouragés en ce sens par l’enthousiasme des investisseurs qui voient poindre à l’horizon le moment auquel les principales banques centrales réduiront les taux d’intérêt. Les données économiques, plutôt partagées ce mois-ci, ont d’ailleurs renforcé cet espoir que les taux pourraient bientôt baisser. L’activité du secteur manufacturier s’est notablement améliorée, mais elle souffre toujours de la faiblesse relative de la demande mondiale.

  

L’inflation continue de refluer. Pourtant, les pressions inflationnistes demeurent élevées, ce qui incommode plusieurs ménages et entreprises. Lors de sa rencontre de mai, la Réserve fédérale américaine (Fed) a gardé le taux de ses fonds fédéraux à l’intérieur d’une fourchette cible allant de 5,25 % à 5,50 %. Pour sa part, la Banque d’Angleterre l’a maintenu à 5,25 % à la suite de sa réunion de mai.  

 

L’indice composé S&P/TSX a progressé ce mois-ci, au cours duquel il a même établi un nouveau record. Le secteur des matériaux a été le plus performant en mai grâce à la hausse du prix de l’or. Les actions américaines se sont également redressées. Les rendements des obligations gouvernementales à 10 ans du Canada et des États-Unis ont reculé pendant le mois.

 

Les ménages canadiens souffrent financièrement

Les consommateurs canadiens semblent avoir souffert de la pression exercée par les conditions financières difficiles au cours du premier trimestre 2024. Selon Statistique Canada, les ventes au détail ont chuté de 0,2 % en mars au Canada. Il s’agit d’un troisième déclin de suite. Bien que les conditions financières les incommodent depuis déjà quelque temps, les consommateurs n’ont cessé de faire preuve d’une certaine résilience grâce à la robustesse du marché du travail et aux économies accumulées pendant la pandémie. En mars, ils ont néanmoins réduit leurs dépenses en matière de produits électroniques, d’appareils électroménagers et de vêtements. En revanche, plus d’automobiles ont été vendues en mars, ce qui a contribué à minimiser le recul généralisé des ventes. Cette hausse est due en partie à la forte croissance de la population enregistrée au Canada dans les derniers mois. Il ne fait aucun doute que la Banque du Canada (BDC) a pris note de la faiblesse relative des ventes au cours du premier trimestre. Ce sera peut-être la poussée dont elle a besoin pour commencer à baisser les taux d’intérêt. Le marché du travail ralentit, l’inflation s’essouffle et la croissance économique est modeste, autant de facteurs pouvant inciter la BDC à alléger les taux en juin. Les marchés espèrent qu’elle en retranchera 24 pb. La baisse des taux réussirait peut-être à relancer l’activité de la consommation et de l’économie. L’indice composé S&P/TSX pourrait atteindre de nouveaux sommets d’ici la fin de 2024.

 

Le marché du travail américain montre des signes de ralentissement

Après un départ en flèche en 2024, le marché du travail américain semble piquer du nez. Dans un premier temps, les marchés ont été stimulés par le ralentissement, croyant que cela pousserait la Fed à assouplir les taux d’intérêt à court terme. Toutefois, les conditions restent extrêmement serrées et l’inflation a encore du chemin à faire avant d’atteindre la cible des 2 % de la Fed. De l’avis général, il est possible que la Fed attende à l’automne 2024 pour amoindrir les taux. Après avoir d’abord réagi positivement, le marché a été refroidi par les propos et le procès-verbal de la Fed dont le ton plutôt combatif sous-entend que la banque centrale pourrait ne pas être particulièrement pressée de réduire les taux. Au début mai, la Fed a maintenu le taux de ses fonds fédéraux entre 5,25 % et 5,50 %. En avril, l’économie s’est enrichie de 175 000 nouveaux emplois, soit beaucoup moins que les 240 000 qu’attendaient les économistes et que les 315 000 du mois précédent. C’est aussi le nombre le plus faible depuis octobre 2023. Par ailleurs, selon ADP, les entreprises privées américaines ont créé 192 000 emplois en avril, contre 208 000 en mars. Même si le ralentissement du marché du travail pourrait indiquer que la Fed abaissera les taux, à la fin mai, il semble qu’elle ne le fera pas à ses réunions de juin ou de juillet.

 

L’économie européenne paraît s’améliorer

L’économie de l’Europe est sortie d’une récession technique au premier trimestre 2024, et elle paraît être en voie de se stabiliser et de réduire les taux d’intérêt. Pourtant, le pays n’est pas tout à fait tiré d’affaire et il lui reste quelques défis à relever d’ici la fin de l’année. L’économie européenne a gagné 0,3 % au cours du premier trimestre de 2024, gain attribuable à l’Allemagne, principale économie de l’Union. Le produit intérieur brut de l’Allemagne a bondi de 0,2 % au premier trimestre. L’économie allemande a pu compter sur de solides investissements commerciaux et sur ses exportations nettes. Par ailleurs, le consommateur européen a oublié ses soucis quant aux conditions financières serrées et s’est repris à dépenser en mars. En Europe, les ventes au détail ont monté de 0,8 % en mars. Cette hausse, la plus marquée depuis septembre 2022, s’explique par l’augmentation des ventes de carburant pour automobiles et d’aliments.     

 

Bien que l’économie européenne se soit quelque peu améliorée pendant le premier trimestre, elle doit encore surmonter plusieurs obstacles susceptibles de freiner sa croissance. L’Organisation de coopération et de développement économiques prévoit que l’économie européenne va croître en 2024, mais sans doute plus lentement que la plupart des autres marchés développés en raison des tensions géopolitiques qui la touchent et des pressions inflationnistes encore fortes. La Banque centrale européenne (BCE) semble sur le point de desserrer les taux d’intérêt cet été. Cependant, les coupes de 2024 pourraient être d’une ampleur moindre qu’on ne l’espérait il n’y a pas si longtemps. Comme l’économie affiche un certain regain d’énergie, la BCE pourrait ne pas vouloir rabattre les taux d’intérêt trop vite si l’inflation s’accroche.

 

Le gouvernement chinois cherche à raviver l’activité économique

En mai, le gouvernement chinois a fait part de son intention de stimuler l’économie et de venir à la rescousse du marché de l’immobilier. Il a d’abord annoncé une émission considérable d’obligations destinée à financer son plan de relance. La Chine a commencé à vendre des obligations gouvernementales à long terme totalisant 1 billion de yuans (188,2 milliards $ CA). L’émission se fera par tranches durant les prochains mois. Bien que le gouvernement n’ait pas encore précisé comment l’argent sera distribué, on prévoit qu’il servira à raviver l’économie chinoise, surtout dans les sphères les plus mal en point telles que la demande intérieure, la production industrielle et le marché de l’immobilier. Celui-ci a été particulièrement problématique économiquement parlant. Le gouvernement a donc fait connaître certaines des mesures qui seront employées pour accélérer les achats de biens immobiliers. Par exemple, la mise de fonds exigible sera abaissée et le plancher en matière de taux hypothécaires sera éliminé. Il se pourrait que la Banque populaire de Chine participe aussi à ce redressement. Lors de sa décision de mai, elle a maintenu son taux préférentiel, mais les marchés espèrent qu’elle adoucira davantage sa politique afin de soutenir l’économie chinoise et le secteur de l’immobilier. Si le gouvernement chinois met en œuvre des mesures qui réussiront à soutenir les points les plus faibles de son économie, celle-ci devrait atteindre, voire surpasser, l’objectif de 5 % pour 2024. Cela pourrait aussi être une bénédiction pour les actions chinoises qui se sont fait distancer par la plupart des autres actions cette année.